Victor Hugo
Les Orientales, Paris 1829
Lui (Napoléon)
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Ainsi, quand du Vésuve explorant le domaine,
De Naples à Portici l’étranger se promène,
Lorsqu’il trouble, rêveur, de ses pas importuns,
Ischia de ses fleurs embaumant l’onde heureuse
Dont le bruit, comme un chant de sultane amoureuse,
Semble une voix qui vole au milieu des parfums ;
Qu’il hante de Paestum l’auguste colonnade ;
Qu’il écoute à Pouzzol la vive sérénade
Chantant la tarentelle au pied d’un mur toscan ;
Qu’il éveille en passant cette cité momie,
Pompéi, corps gisant d’une ville endormie,
Saisie un jour par le volcan.
Qu’il erre au Pausilippe avec la barque agile
D’où le brun marinier chante Tasse à Virgile ;
Toujours, sous l’arbre vert, sur les lits de gazon,
Toujours il voit, du sein des mers ou des prairies,
Du haut des caps, du bord des presqu’îles fleuries,
Toujours le noir géant qui fume à l’horizon !
(Décembre 1827)