Henry Beyle Stendhal
Rome, Naples et Florence (1826)
- “ Naples, 21 Mars 1817 - Je me sens possédé par ce noir chagrin d’ambition qui me poursuit depuis deux ans. A la manière des Orientaux, il faut agir sur le physique. Je m’embarque, je fais quatre heures de mer, et me voilà à Ischia, avec une lettre de recommandation pour don Fernando.
Il me conte qu’en 1806 il s’est retiré à Ischia, et qu’il n’a pas vu Naples depuis l’usurpation française, qu’il abhorre. Pour se consoler du manque de théâtre, il élève une quantité de rossignols dans les volières superbes. “La musique, cet art sans modèle dans la nature, autre que le chant des oiseaux, est aussi comme lui une suite d’interjections. Or une interjection est un cri de la passion, et jamais de la pensée. La pensée peut produire la passion; mais l’interjection n’est jamais que de l’émotion, et la musique ne saurait exprimer ce qui est sèchement pensé”. Cet amateur délicat ajoute: “Mes alouettes ont quelque-fois le matin des falsetti qui me rappellent Marchesi et Pacchiarotti”.
Je passe quatre heures fort agréables avec don Fernando, qui nous déteste, et les bons habitants d’Ischia. Ce sont des sauvages africains. Bonhomie de leur patois. Ils vivent de leurs vignes”. –
- “ Tachez de faire amitié avec un propriétaire de vignes d’Ischia ou de Caprée, qui vous tutoiera dès le second jour si vous lui plaisez”. -
- “ J’ai passé dix jours en pension chez un paysan de Casamiccia, dans l’île d’Ischia; c’est une idée que je dois à...., remerciez-le de ma part. C’est délicieux. Tous les matins j’allais à Furia ou à Ischia à âne”.
Correspondance, t. II
“- 16 septembre 1827, dimanche. Je vais à Furia pour la seconde fois. Société avec les paysans de la chaumière que j’habite. Vie champêtre; je donne à manger aux poules, ce qui ne m’était peut-être arrivé depuis les logements militaires en Allemagne”. –